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L’observatoire de géopolitique énergétique

Ce n’est pas d’hier que les questions énergétiques se posent au carrefour de la politique intérieure et de la politique étrangère des États. Les contextes économiques et stratégiques ont toutefois bien changé depuis l’époque où le contrôle des mines de charbon était l’une des principales sources de tensions interétatiques en Europe. La gestion de la production et de la distribution d’énergie génère encore son lot de rivalités, mais la donne s’est considérablement complexifiée avec la multiplication des besoins énergétiques et la diversification des sources d’approvisionnement.

Alors que la construction de nouveaux oléoducs et gazoducs reliant l’Europe aux vastes gisements d’hydrocarbures situés en URSS a été, au temps de la guerre froide, l’un des piliers de la détente entre les blocs rivaux, elle est aujourd’hui devenue l’un des dossiers les plus litigieux entre l’Union européenne (UE) et une Russie convertie au capitalisme. D’un côté, on cherche à construire cette Union de l’énergie au sein de laquelle les entreprises seraient soumises à des règlements supranationaux favorisant la libre concurrence. De l’autre, on estime que la prise en charge du secteur énergétique par l’État constitue la planche de salut d’une souveraineté étatique menacée par l’hégémonie libérale des États-Unis et de leurs alliés. Sur fond de désaccord idéologique, les « guerres du gaz » récurrentes ayant opposé le géant russe Gazprom aux ex-républiques soviétiques d’Ukraine et de Biélorussie (à travers lesquelles transite plus du quart du gaz naturel utilisé au sein de l’UE) ont fait éclater le mythe selon lequel l’interdépendance entre producteurs et consommateurs serait un gage de paix et de stabilité. Le cadre juridique régissant le marché de l’énergie est plutôt devenu un champ de bataille sur lequel se joue l’avenir de l’architecture de sécurité de la région. Lorsqu’il s’agit de déterminer les règles s’appliquant au transport des hydrocarbures, c’est l’appartenance géopolitique de la « zone tampon » entre l’UE et la Russie qui est directement en jeu.

Une approche multidisciplinaire

Il existe actuellement une superposition de préoccupations citoyennes dont la hiérarchisation pose bien sûr problème. Un ensemble de craintes concerne les enjeux environnementaux que sont les émissions de gaz à effets de serre, ainsi que les risques de déversements de pétrole ou de contamination nucléaire. Mais il faut également tenir compte des inquiétudes qui portent sur la sécurité de l’approvisionnent et sur la stabilité des prix, ou encore sur la pérennité des revenus provenant de la production et du transport de l’énergie.

Ultimement, ce sont les risques de conflits interétatiques reliés au contrôle des ressources et des infrastructures nécessaires à leur exploitation et à leur commercialisation qui laissent craindre le pire, soit une dangereuse escalade des tensions militaires entre les anciens ennemis de la Guerre froide. L’inquiétude est d’autant plus grande que les ressorts de la confrontation qui s’est installée depuis quelques années dans la géopolitique énergétique échappent totalement aux citoyens.

L’observatoire de géopolitique énergétique d’OSINTPOL se consacre à l’analyse des forces économiques, des pouvoirs politiques, des institutions juridictionnelles et des mouvements sociaux et entend exposer les articulations entre ces divers facteurs d’influence. Il privilégie, pour se faire, une perspective holistique permettant de décloisonner les champs de recherche et de favoriser le dialogue interdisciplinaire.

Parmi les principaux axes de recherche de l’observatoire, on compte :

La coordination de cet observatoire est assurée par Yann Breault.

 

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Photographie : le 8 novembre 2011, le premier ministre français François Fillon, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre néerlandais Mark Rutte et le président russe Dimitri Medvedev (entre autres) participent à l’inauguration du Nord Stream, un gazoduc reliant la Russie à l’Europe en passant par la mer Baltique. Kremlin.ru/CC BY 3.0.