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L’observatoire de la dissuasion nucléaire

Bien que n’ayant jamais été utilisées en situation de conflit ouvert depuis 1945, les armes nucléaires ont été au cœur du domaine stratégique tout au long de la guerre froide. Elles se sont depuis faites relativement plus discrètes. Elles continuent néanmoins de faire planer sur l’humanité la menace de l’autodestruction, leur létalité demeurant intacte lorsqu’elle n’a pas été augmentée. Même après l’effondrement du bloc soviétique, les États dotés de l’arme atomique ont en effet continuer à allouer des ressources considérables à la modernisation des bombes et des vecteurs supposés garantir la dissuasion, c’est-à-dire de mettre à l’abri d’une agression la triade État-territoire-population via la menace d’une destruction massive des ennemis. En violation de leurs engagements internationaux, d’autres États (l’Iran et la Corée du Nord) sont suspectés de poursuivre des activités devant les mener à la maîtrise de cette arme à nulle autre pareil.

Les coûts la modernisation constante des armes nucléaires et de leurs vecteurs (bombardiers, missiles, sous-marins) sont d’autant plus questionnables que l’utilité des ces armements apparaît comme étant de plus en plus incertaine. Dans un espace stratégique marqué par une mondialisation porteuse d’interdépendances croissantes entre les divers centres économiques et une mutation des menaces, la crédibilité du recours à une arme aussi dévastatrice que la bombe nucléaire est clairement affectée. Son potentiel de destruction apparaît démesuré pour faire face aux terrorismes ou opérer dans un contexte de guerre contre-insurrectionnelle, par exemple.

Un plaidoyer pour le pluralisme

Pourtant, au risque de fournir un argumentaire clé en main à tout État désireux de se doter de ce qui est encore perçu comme l’arme ultime, un pays comme la France s’enorgueillit de son appareil de dissuasion qu’elle modernise cycle après cycle en justifiant ses décisions par des discours tenant parfois davantage du dogme que de l’analyse pondérée des enjeux sécuritaires contemporains et de ceux anticipés pour l’avenir.

À contre-courant des nombreuses chambres d’écho des décisions gouvernementales qui accaparent parfois le débat national pour célébrer la Bombe ou en faire « un bien commun de l’humanité », l’Observatoire la dissuasion nucléaire d’OSINTPOL entend proposer une lecture alternative à celle produite par une communauté de stratégistes nationaux étonnamment homogène sur cette question. À quoi servent les stratégistes nucléaires français s’ils disent tous la même chose ?, a-t-on envie de plaider en détournant une formule mise de l’avant par les économistes hétérodoxes.

La structure du monde politique n’est pas déterminée et immuable. Il n’existe en la matière aucune loi comparable à ce que la gravité est à la physique. La connaissance des phénomènes sociaux n’est pas objective, mais le fruit d’interprétations. Vouloir en limiter le nombre, c’est limiter les options politiques et plaider pour des conceptions non neutres au plan normatif et bénéficiant par ailleurs à des acteurs bien spécifiques.

Une perspective critique

Dans l’optique d’alimenter la réflexion sur l’arme atomique, cet observatoire propose une lecture critique de la composante nucléaire de la dissuasion française. Il a notamment pour but de clarifier le débat sur la pérennisation de la logique atomique dans le contexte stratégique contemporain et d’identifier les tendances susceptibles de la façonner à l’avenir. Il porte une attention particulière aux contextes sociaux dans lesquels les discours sur le nucléaire militaire prennent forme. Il n’en oublie pas néanmoins d’aborder les enjeux économiques, stratégiques, juridiques et éthiques qui forment le socle traditionnel des analyses du domaine.

Les thématiques abordées par l’observatoire peuvent ainsi concerner :

La coordination de cet observatoire est assurée Yannick Quéau.

 

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Photographie : explosion d’une bombe nucléaire française à l’atoll de Mururoa en Polynésie française. Pierre J./CC BY NC SA